Nous sommes entrés dans l’hiver mais cette année, il ne sera pas question de ski sur nos pistes andines, pourtant bien recouvertes de neige. Le sport conseillé cette année, c’est le rêve du voyage !
Donc si nos corps restent au chaud sous la couette pour ne pas qu’une grippe entraîne une panique sans précédent, vos esprits à vous feraient bien de se projeter à novembre ! Car le moment viendra où la crise passera, ne doutons pas de l’évidence, et même si on y aura tous laissé des plumes, il sera bientôt l’heure de s’ébrouer crinière au vent et d’entreprendre une grande aventure.
Nous avons raison d’être confiant ici, à l’extrême nord de la Patagonie, car aucun cas de Covid-19 n’est à déplorer à moins de 150 kilomètres de notre porte d’entrée, Chos Malal.
Il faut avouer que depuis le 20 mars tout est fermé à double tour, certains villages se sont déclarés en totale quarantaine, c’est à dire que personne ne rentre ni ne sort, sauf extrême urgence à grand renfort de justificatifs… Nous restons vigilants et les mesures en cours sont toujours strictes, ainsi les situations particulièrement difficiles des travailleurs indépendants, des étudiants mais aussi et surtout la situation globale de notre pays l’Argentine, sont très inquiétantes. Le pays ne peut payer sa dette au FMI et le gaucho ne peut vendre son chevreau à la ville. Ce stand-by nous asphyxie, impossible de facturer quoique ce soit.
Petite précision pour être honnête : en tant que gauchos, nous n’avons pas à nous plaindre de ces trois derniers mois.
Nous vivons dans la nature et n’avons pas une minute été enfermés, nous produisons nos aliments avec le potager (et en automne il est bien garni) et les animaux de ferme, l’indispensable est culturellement à portée de nos mains. De plus, tout en portant des masques et en écoutant les messages terrifiants des médias, nous nous sentons paradoxalement à l’abri. Le problème est encore à l’extérieur pour ce qui est de la santé, pour ses autres aspects, nous courbons l’échine comme tout le monde.
En effet, nous sommes descendus des estives à partir de fin avril, c’est traditionnellement un moment fort pour vendre les chevreaux, agneaux et veaux nés en septembre. Cette année, interdiction totale de stationner les troupeaux aux abords des villages, donc impossibilité de recevoir des familles du coin sur le « rial » (endroit où l’on dort pendant la transhumance), ou de circuler en véhicule pour proposer de la viande dans la rue. Si on ne vend pas notre production, comment fait-on pour acheter des bottes de foin pour nourrir ces troupeaux ? On ne sait pas faire pousser les billets.
En ce qui concerne spécialement les gauchos Soliecol, nous avons franchement de la chance : la dernière randonnée était début mars, on a échappé aux annulations, aux déceptions, et au manque à gagner. De plus, chacun a suffisamment travaillé cette saison et heureusement donc, nous avons quelques sous d’avance.
Les ressorts de notre coopérative de tourisme rural n’en peuvent plus de sauter de joie, car toutes nos modalités de fonctionnement sont validées face à la catastrophe de ce virus. D’abord en terme d’organisation entre toutes ces familles paysannes qui sont productrices sur la totalité des séjours vendus, sans aucun investissement financier de leur part mais une vraie rentabilité de leur capital (au lieu de brouter tranquille le cheval promène un aventurier). Ensuite en terme de prestation à proprement parlé : loin, si loin du tourisme de masse, nous limitons les groupes à 6 personnes sur les randos équestres et treks, à 3 sur les circuits de pêche.
Nous mettons un soin infini dans la préparation de bons repas, la richesse de notre gastronomie n’est certes pas dans la diversité des aliments (en comparaison à un supermarché européen par exemple), mais on pourrait difficilement faire plus « bio » ! Enfin, si la distanciation sociale devient la règle, nous pouvons en plus nous vanter que ce n’est pas chez nous qu’on croise des touristes !
Hum hum, d’autre touriste que soi…
Nos vemos en la primavera!
Rendez-vous au printemps!
Elsilina et la Famille SOLIECOL
Un commentaire ? Une question ? Un souvenir ? Racontez-nous !